ENS-PSL
45 rue d'Ulm
75005 Paris
France
Intervention de Quentin Bernet au séminaire IMAGO.
L’Europe pré-renaissante est caractérisée par de nombreuses innovations picturales et artistiques, mais également par un grand renouveau spirituel, incarné par de nombreux penseurs et figures, qui, dans le sillage de François d’Assise, réinventent le rapport entre Dieu et les hommes. A la croisée de ces renouveaux spirituels et artistiques, on trouve un terreau sur lequel se développe une imagerie nouvelle, témoin d’une foi plus intime.
Les peintres participent activement à cette quête de nouvelles formes, dans le but de donner corps à ce nouveau rapport plus étroit à la foi. Or c’est à la cour papale d’Avignon que Simone Martini peint la première occurrence connue d’un nouveau modèle iconographique, illustrant pleinement la quête de proximité et d’intimité des chrétiens de ce temps-là : la Vierge d’Humilité. Notamment mise en lumière par Millard Meiss, la Vierge d’humilité est un sujet singulier rompant avec la tradition de la Vierge en majesté qui montrait Marie assise sur un trône. Le peintre représente désormais Marie assise à même le sol, ou sur un simple coussin, portant ou allaitant le Christ sur ses genoux. L’ambition intime de cette nouvelle composition est frappante, mais tout aussi frappante est la viralité de ce nouveau type iconographique, qui en quelques années seulement s’étend aux confins de l’Europe. Que penser de la réitération de cet autre modèle ? De la même façon que pour l’iconographie mystique, nous voulons interroger les raisons de cette sérialité des modèles, cette fois-ci par l’étude cartographiée de la diffusion iconographique, qui permettra non seulement de visualiser cette diffusion, mais également d’en révéler à la fois les biais de transmission et les singularités.